Les organismes de formation doivent évoluer pour répondre aux mutations du secteur

« Il y a à la fois besoin de plus d’individualisation des parcours et d’accueillir toujours plus de monde en formation, d’avoir des modalités multiples, et de la simplicité … ». Et ce, « avec des budgets et des durées de formation toujours en tension », a-t-il rappelé. Les organismes de formation « sont à la recherche de leur taille critique », alors qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux sur le marché (100 000). Ils font face à une concurrence nouvelle, d’acteurs qui cherchent à se diversifier (écoles, universités, secteur social…) et d’acteurs entièrement digitaux. Les stratégies publiques évoluent, misant davantage sur l’accompagnement et la captation des publics, et demandent d’intégrer de nouveaux enjeux, comme l’hybridation des parcours.

Fixer un cap

« Dans cet univers volatile, l’enjeu est de fixer un cap », a affirmé Philippe Joffre. Pour trouver de nouveaux équilibres, les organismes de formation doivent « diversifier leurs sources de revenus et de financement ». Il y a un donc « un enjeu stratégique d’alliance et de coopération » afin d’être présents sur les territoires « et de s’ouvrir à de nouveaux partenariats ». L’expert a rappelé qu’il existait de nombreuses possibilités de financement de l’accompagnement du changement pour les organismes de formation, notamment dans le cadre du plan France 2030, du PIC ou encore par le biais des conseils régionaux. Il a cité l’exemple de la région Centre Val-de-Loire qui par son dispositif Trans’Formation finance 50 jours d’accompagnement aux 100 organismes de formation pour les aider dans leur transformation.

Proposer un accompagnement

« Jusque-là, les organismes de formation pensaient que proposer chose d’utile au public suffisait », a relevé Christine Sitaud, directrice d’Escale Créative. Or, pour se différencier, « tout ce qui contribue à accéder au service est un vrai critère ». Ainsi, « il faut proposer un accompagnement, une facilité de connexion. Il est nécessaire de prendre en compte la désirabilité, le volet émotionnel. » Le secteur de la formation est en profonde mutation, « mais la dépendance aux financements publics reste très forte ». Et le secteur public « aura des exigences de transformation », qui imposent aux organismes de formation de s’y préparer dès aujourd’hui, au risque sinon de perdre leurs marchés. « On voit des organismes qui expérimentent de nouveaux formats, des solutions digitales, et il faut le renforcer ».

Nouveau paradoxe

Pour l’experte, la digitalisation rapide liée à la crise sanitaire a engendré un nouveau paradoxe : « des organismes qui ont eu accès à l’hybridation pendant la crise sont aujourd’hui revenus à des modèles présentiels enrichis. Certains ont intégré les coûts de la digitalisation mais sans la transformation du modèle pédagogique, qui nécessite une réingénierie complète. » Les organismes de formation doivent également « oser aller se vendre » et pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, « glisser vers le marketing digital » et « avoir des commerciaux ». En outre, elle a estimé que « l’enjeu de la collaboration sur les territoires était très important ».